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Voyage vers le trou du cul du monde. (Traduction: Adrian Bachtold)
Fait-il chaud ou froid dans le trou du cul du monde? Existe-il un trou du cul du monde? Le terre est ronde, n'est-ce pas? Ce matin, j'ai décidé de trouver le trou du cul du monde, c'est-à-dire quelquechose de normal et d?incestueux. A la gare, je suis posté devant l'automate à billet. Deux glandeurs, qui sont assis autour d?une dizaine de bières et d'un chien, me dévisagent.
Dans l'automate, il n'existe pas de Cul sous la lettre C, mais je suis sûr que le trou du cul du monde
se trouve dans la zone urbaine. Des japonnais et des Japonnaises en congé me photographient.
La carte joranlière! Je prends le premier train réginal, qui, comme d'habitude, s'arrête partout.
C'est peu amusant dans ce train, beaucoup écoutent le walkman, la province rayonne, sûrement des gens qui rentrent du boulot. 3 hommes sont assis dans un compartiment, des requérants d'asile sans doute. A côté sont assis 2 Tamouls. Permis de fumer. La place est serée, il fait lourd. Où vont tous ces gens?
Muttenz, Pratteln, Frnkendorf,...ça n'arrête plus. 10 personnes sortent, 10 entrent. Gare après gare. De temps en temps, des intercitys ou des ICEs nous doublent. Les requérants d'asile se préparent à sortir. Je me décide à les suivre.
Comme dans un film, je m'achète le Blick, j'y fait 2 trous et j'espionne: je ne veux pas être remarqué. Ils se rendent à la station de cars postaux, qui possède différents quais avec des inscriptions éléctroniques et des lettres qui clignotent.
Le voyage vers le trou du cul du monde ne peut pas ètre aussi agréable... ça pue l'arnaque. Mais qui a dit que le trou du cul du monde était un endroit pas cher.
Les cars postaux x, y ,z et p rentrent. Mes requérants se rassemblent. Seulement 3 d?entre eux embarquent, ainsi que 2 retraités.
Le trou du cul du monde est-il est peuplé par des vieux? Ces retraités me dévisagent et doivent me traîter "de sale urbain?".
Le car postal empreinte des routent secondaires à travers des vallées et des collines. Une grosse montre digitale sur la route indique l'heure. Air conditionné. Je lis le Blick, de la pornographie pour bourgois, des blagues douteuses, 3 pages de petites annonces, du sport, des statistiques et des testes de voiture.
Terminus, les 3 étrangers sortent. Les vieux semblent mécontents de cette intrusion, ainsi que les autoctones du coin.
Les étrangers se rendent au stade, à côté d'un abris civil qui n'est rien d'autre qu'un gros tas de béton, entouré de barbelés. Un coup de feu. "C'est le tir obligatoire pour la volée 53-58". Tout est on ordre. Coup de feu. D'une certaine manière, je n'ai pas l'impression d'avoir atteint le trou du cul du monde.
"Qu'est-ce qu'il y a à surveiller ici?"
"On regarde si personne ne s'enfuit"
"Pour s'enfuir où?"
"Pour chiper nos places de travail"
"Et combien de requérants sont dans ce bunker?"
"Huit, et Berne veut en ajouter encore un. Le village est en révolte."
J'ai envie de lui répondre que Berne ne devrait pas envoyer un 9ième requérant. Le trou du cul du monde est trop inhospitalier.
"Est-ce que je peux entrer voir?"
"Non, il faut un permis."
"Où est-ce que je peux m'en procurer un?"
"A la mairie."
La mairie, ça veut dire retourner sur la place principal. Une grosse vieille, qui sort du Denner, traverse la place en me lançant un méchant regard. Elle se raidit et sert son sac-à-main. Qu'est-ce que je fais de travers? Quelqu'un peut-il m'aider? Je veux aller dans le trou du cul du monde.
Je veux me relaxer dans un bain parfumé. 3 gorilles du village déboulent avec une Opel, freinent et klaxonnent. "Je cherche la piscine."
"Ne t'en fait pas, on va t'y emmener."
Direct. Ils s'arrètent au bord de la forêt. Le bain parfumé?
"A poil! Des trous du cul comme toi n'ont rien à faire ici."
Ils me donnent un coup de pied, quelque part dans ma poche gauche, j'ai mon porte-bonheur. Je le saisis et ferme les yeux. Je me retrouve dans un hammam et les 3 gorilles sont devenus des masseurs. Ils me tendent une serviette. L'air humide sent le bois, la transpiration. Il n'y a que des hommes. Soudain surgit la geule d'un des gorilles. L'hammam a disparût, mon trou du cul est bleu, je suis dans une grosse merde.
Je m'enfuis. En essayant de m'attraper, les 3 gorilles se rentrent dedans. Je rentre dans leur voiture et verouille la porte. Une chance que ces couillons ont laissé les clefs sur le contact. On va voir comment marche leur voiture. Contact, les tours montent. Les gorilles tapent dans le pare-brise, mais pas assez fort. Il me faut vite partir, car je vais avoir toute la police du trou du cul du monde à mes trousses. Vite à la gare, et retour au monde civilisé, loin du trou du cul du monde.
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